« L’intensification de la concurrence est un puissant stimulant
qui pousse les entreprises à se dépasser » | Par Sophie Cassam
Chenaï, Directrice du Numérique chez Le Parisien
préférence française et la préférence locale
comptent dans le choix des produits, des
marchandises et des services.
Les nouvelles plateformes de musique comme
Deezer ou Spotify ou les plateformes vidéo
comme Netflix ou Amazone Prime sont aussi
de nouveaux entrants qui ont créé leur marché.
intense dit souvent baisse des prix, ce qui fait
plaisir au porte-monnaie de l’utilisateur final.
Dans chaque secteur d’activité, la
compétition se fait plus intense,
exacerbée parfois par les nouveaux
entrants en provenance de la tech.
Pour y faire face, les modèles
Enfin, un des axes des entreprises pour
résister à l’intensification de la compétition
est aussi la concentration via le rachat de
solutions innovantes complémentaires ou
de concurrents directs pour consolider sa
position sur un marché et éviter de se faire
dépasser. Cette concentration permet d’aller
plus vite dans son développement, de s’offrir
un axe de diversification complémentaire, un
marché international, de maîtriser l’ensemble
de la chaîne de valeur sans être dépendant de
prestataires tiers ou de mieux résister grâce à
une force consolidée.
Cette compétition concerne tous les
secteurs d’activités ?
Et puis tous les outils tech et solutions
digitales qui permettent le travail à distance
dans un contexte de pandémie sont aussi de
nouveaux entrants ainsi que des plateformes
facilitatrices dans ce contexte comme Doctolib
qui a littéralement explosé en permettant les
consultations médicales en ligne pendant le
confinement.
opérationnels s’affûtent, les activités
d’hier sont cédées, les acquisitions
sont nombreuses pour renforcer
les métiers les plus porteurs de
croissance. Sophie Cassam Chenaï,
Directrice du Numérique chez Le
Parisien, partage sa vision.
La plupart des secteurs sont touchés, mis
à part peut-être les services de l’Etat. Mais
cette intensification de la concurrence est
aussi un puissant stimulant qui pousse les
entreprises à se dépasser, à créer les meilleures
offres et à innover. La clé pour les entreprises,
dans ce contexte concurrentiel fort, est de
fidéliser leurs ressources humaines et leurs
compétences clés qui sont un maillon essentiel
sur lequel capitaliser.
Pourquoi la compétition s’est-elle
intensifiée ces dernières années ?
Comment s’explique ce phénomène ?
Enfin, dans tous les secteurs, les entreprises
opèrent souvent une transformation digitale
en proposant leurs services désormais sur
internet : les commerçants avec la vente en
ligne ou les journaux et magazines avec des
versions digitales et des articles réservés aux
abonnés numériques. Cette transformation
digitale est clé pour la survie de l’entreprise
et la qualité du passage au numérique peut
rejouer sa position sur son marché. Ainsi le
premier sur son marché ne sera peut-être plus
le leader après son passage en numérique. La
réussite de sa transformation digitale est donc
clé dans un contexte d’intensification de la
concurrence.
La compétition s’est intensifiée ces dernières
années car nous sommes dans une double
dynamique de mondialisation et de
démondialisation.
Le recrutement et la fidélisation des ressources
humaines est aussi clé dans ce contexte. Il faut
savoir attirer les talents et les garder dans un
contexte de compétition intense. C’est un point
positif pour les salariés, qui se retrouvent ainsi
mieux considérés avec un plus grand équilibre
entre vie personnelle et professionnelle, des
rémunérations attractives et des facilités pour
le télétravail. Au final, tout le monde y gagne :
les salariés compétents se sentent mieux
dans leur travail et sont donc plus efficaces.
Ils sont la vraie force vive de l’entreprise pour
résister dans un contexte d’intensification de la
compétition.
Qui sont les nouveaux entrants sur le
marché et quel est leur impact ? En
particulier ceux provenant de la tech ?
D’une part l’économie est globalisée et
libéralisée, c’est-à-dire que l’innovation se
joue à l’échelle mondiale, que les talents
technologiques peuvent se trouver dans
tous les pays, notamment dans les pays
émergents, et que les marchés concurrentiels
sont mondiaux. Ainsi apparaissent des géants
dans la tech qui agissent à l’échelle mondiale
comme les Gafas et la volonté de payer moins
cher pour le consommateur prime.
Beaucoup de nouveaux entrants en digital
ou en tech arrivent en créant une rupture
de modèle sur leur marché, en simplifiant
l’intermédiation ou en apportant un nouveau
service. Ce sont pour la plupart de nouvelles
marketplaces qui rebattent les cartes
concurrentielles et changent les marchés. C’est
le cas de services comme Uber ou Airbnb par
exemple qui ont totalement modifié les règles
de leurs marchés dans la façon d’avoir accès à
un taxi ou à une location de vacances.
Comment cette intensification de la
compétition se traduit-elle pour les
entreprises ?
Dans un même temps, nous assistons à une
relocalisation de la création de valeur avec un
recentrage des pays et des populations sur
eux-mêmes dans un souci de protectionnisme,
une relocalisation de l’innovation sur le
territoire, la volonté de favoriser l’ancrage local
et de protéger aussi notre environnement par
ce biais (réduction de l’empreinte carbone).
Les innovations locales sont donc favorisées
et soutenues, le développement des PME ou
des start-ups innovantes dans les régions l’est
également pour favoriser les proximités. La
La compétition a des effets positifs car elle
génère une stimulation permanente, voire une
redynamisation des marchés. Les entreprises
intensifient alors leurs budgets en innovation
ou en R&D pour tirer leur épingle du jeu et
faire évoluer la qualité et l’originalité de leurs
propositions pour mieux répondre aux attentes
des utilisateurs.
Il y a aussi tous les services digitaux qui jouent
sur l’achat d’occasion ou le reconditionnement
de matériel recyclé pour consommer plus
durablement et plus local comme Le Bon
Coin qui a facilité le commerce d’occasion de
proximité ou plus récemment Back Market
avec sa proposition de produits reconditionnés
à des prix abordables.
La compétition est aussi souvent au service du
pouvoir d’achat. En effet, qui dit concurrence
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