Si les smartphones et tablettes étaient initialement déployés pour les métiers « bureautiques » cette pratique évolue, et de plus en plus d’acteurs métiers sont dotés d’outils de mobilité dans les milieux industriels. Cette tendance n’est pas nouvelle. Elle a émergé depuis quelques années : équipement des opérateurs de maintenance de COFELY de tablettes ou des salariés de GRTgaz pour la remontée d’informations par exemple. Le secteur du transport n’est pas en reste : SNCF qui lance un projet pour les agents de maintenance du matériel roulant, ou Bombardier qui met à disposition de ses collaborateurs des informations techniques sur tablettes en sont deux illustrations. Des cas isolés ou une véritable évolution en marche ?
Travail en extérieur, température variable, graisse… quels usages possibles en milieu industriel ?
Les opportunités d’utilisation pour les collaborateurs sur le terrain sont nombreuses. La digitalisation de documentation technique, de guide métier en est une. Les métiers de maintenance notamment nécessitent de nombreuses documentations de contrôle ou de modes opératoires : les mettre à disposition sur un unique support numérique est simplificateur.
Les outils numériques et connectés permettent également les remontées d’informations en temps réel et donc un meilleur pilotage et partage d’informations. Ce point est d’autant plus prégnant pour les métiers s’exerçant sur un territoire étendu.
Par ailleurs en digitalisant les outils métiers les retours d’expérience sont alimentés par des données « terrain », enrichissant ainsi les bases d’analyse et améliorant la capitalisation, les processus d’amélioration.
C’est également sans compter que les outils digitaux offrent la possibilité d’utilisation de photos, de vidéos, de lecteur de tags ou QR code, etc. augmentant ainsi la richesse des informations remontées. Parmi les exemples d’usages « multi-médias », la possibilité de mettre à disposition des tutoriels ou la possibilité d’assistance à distance des collaborateurs. Ces fonctionnalités proposées par les tablettes ou smartphones grand public sont tout à fait accessibles pour les milieux industriels, que le choix soit porté sur un appareil mobile « durci » ou grand public renforcé par des accessoires de protection ad hoc. Se pose en revanche la question de la connectivité qui est nécessaire pour permettre des usages en temps réel, surtout pour les métiers hors ateliers (travaux sur des voies par exemple).
Qu’ils soient génériques ou spécifiques à un métier ou une opération donnée, les usages envisageables sont nombreux, mais au-delà de l’usage, ce sont les bénéfices apportés qui peuvent accélérer le mouvement de digitalisation.
Simple gadget ou de réels apports ?
La digitalisation ne consiste pas en l’introduction de simples gadgets dans les métiers industriels ni en un mouvement inéluctable suivant l’utilisation de smartphones ou de tablettes dans la vie privée. Les initiatives relèvent d’un réel mouvement stratégique des entreprises pour répondre à leurs enjeux voire à leurs fondamentaux : augmentation de productivité, amélioration de la sécurité, de la qualité, réponse à des exigences de conformité, etc.
Prenons pour exemple la digitalisation de documents qui est souvent un des premiers pas du digital. Elle permet à la fois d’optimiser la performance de la production et de la diffusion documentaire (cycle de mise à jour plus rapide), tout en standardisant les pratiques, améliorant ainsi la conformité et la sécurité. De par le fait de les mettre à disposition sur un outil mobile, ils sont plus simplement disponibles pour les collaborateurs. Outre le confort d’avoir moins de documents papiers à transporter, disposer d’une application permet de structurer l’information pour la rendre plus simple d’accès.
Au-delà de ces apports, la modernisation de l’outil est également facteur de valorisation des salariés. Et ces atouts sont d’autant plus visibles lorsque les salariés sont impliqués dans les projets.
Un facteur de réussite ? Faire de cette transformation un projet pour et par les agents terrain
Les collaborateurs en ateliers, en usines, sur le terrain doivent être acteurs du projet. Il est primordial en effet de comprendre les usages du futur utilisateur : comment travaille-t-il avant la digitalisation ? Quelle valeur ajoutée pour lui ? Comment serait-il impacté par le changement ? Outre les utilisateurs finaux, il est indispensable de construire avec l’ensemble des autres acteurs intervenants dans la chaîne de valeur. En prenant toujours l’exemple d’une digitalisation de documents, en amont de leur utilisation, c’est toute la chaîne de production et de diffusion du document qui est impactée.
Réussir cette transformation c’est savoir co-construire progressivement un nouvel environnement de travail digital avec les collaborateurs. En impliquant les bonnes parties prenantes dès la phase d’étude d’opportunité, l’initiative tient compte de l’expérience utilisateur, elle répond à un réel besoin et tient compte des exigences du métier. Une telle démarche permet ainsi de donner de la légitimité au projet, et de poser les premières pierres de l’accompagnement du changement.