Les acheteurs sont-ils heureux et épanouis dans l’entreprise ? Ou a contrario leurs efforts peinent-ils à être reconnus à leur juste valeur ? Pour répondre à ces questions, Wavestone a lancé une enquête à destination du monde des Acheteurs. 363 acheteurs, répartis en Europe (57%) et dans le monde (dont 14% aux États-Unis) et principalement issus de grands groupes ont pu ainsi répondre à une trentaine de questions. Leurs réponses apportent un éclairage quelque peu décalé sur la fonction Achats. Si l’acheteur prend du plaisir dans un travail à la hauteur de ses attentes, la fonction manque globalement de moyen et d’outils et présente donc un important potentiel de maturation.
Globalement, les acheteurs sont épanouis et fiers de leur profession
Premier constat encourageant, les ¾ des répondants se sentent globalement bien dans leur peau d’acheteur.
En effet, pour plus de la moitié des interrogés, le 1er mot venant pour décrire leur position est «Quelque chose dont je suis fier ». Certains d’entre eux caractérisent même le job de « fun» ! Cependant, une part non négligeable d’entre eux évoque le caractère stressant de l’activité comme descriptif principal de leur quotidien.
Leurs activités sont diversifiées et gratifiantes
La quasi-totalité des répondants se déclarant épanouis par leur activité professionnelle considèrent que leurs activités sont diversifiées. Autres facteurs clés, la clarté des objectifs et les possibilités de rencontrer fréquemment ses fournisseurs sont déterminants.
Globalement les activités d’achats sont équilibrées puisque le reporting, le sourcing, la négociation, l’administratif et la gestion des contrats représentent des charges équivalentes. Autre point de satisfaction, 2/3 des interrogés considèrent que leur métier leur permet un bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle. En outre, les acheteurs s’avèrent satisfaits de leurs interactions avec les fournisseurs. En effet, plus de 70% déclarent que leur management leur donne la possibilité de rencontrer les fournisseurs à une fréquence satisfaisante. Il est pourtant intéressant de noter que pour la moitié d’entre eux, la relation fournisseur-donneur d’ordre ne permet pas de capter le niveau attendu d’innovation auprès des fournisseurs.
Les acheteurs sentent que leurs efforts sont reconnus…
Plus de 69% des interrogés estiment que leur contribution dans l’entreprise est reconnue à sa juste valeur. Aussi, moins de 2% d’entre eux sentent un profond décalage entre leur travail et la reconnaissance de leur employeur.
En outre, les acheteurs estiment que la fonction Achat est plutôt bien (56%) voire très bien perçue (12%) par les autres collaborateurs.
… même s’ils ont du mal à s’imposer en réels partenaires
Paradoxalement, seulement 1/3 des acheteurs pensent être perçus comme des « business partners ». Pour près de la moitié d’entre eux, leurs pairs ne perçoivent que les rôles basiques de la fonction Achats à savoir la réduction des coûts et l’administratif. Il n’est donc pas étonnant que près de la moitié des acheteurs interrogés ne perçoivent pas les Achats comme une fonction tremplin dans leur entreprise.
Les acheteurs dressent un bilan mitigé de leurs conditions de travail
Presque 80% des interrogés estiment que leurs objectifs sont plutôt bien définis et ils sont 3/5 à être relativement satisfaits du processus d’évaluation de leurs performances.
Pour autant, 40% jugent l’évaluation qualitative de leurs travaux insuffisante ou inadaptée.
Néanmoins, il perdure un décalage entre les perceptions de la valeur ajoutée et la rémunération puisque 40% des interrogés déclarent être rémunérés « justement », la moitié « pas vraiment » et les autres ne sont clairement pas satisfaits.
Il reste encore à professionnaliser la fonction achats
La formation et les outils apparaissent comme deux axes majeurs d’amélioration du travail et des performances des acheteurs. Plus de la moitié des acheteurs ne sont pas satisfaits du nombre de formations proposées par leur employeur. Outre la quantité, la pertinence des programmes pèche. Ainsi, 45% des répondants indiquent que leur programme de formation n’est pas aligné avec leurs besoins en tant qu’acheteur. Enfin, l’enquête révèle un réel retard de maturité de la fonction vis-à-vis des outils du marché à disposition des acheteurs. S’ils sont 43% à considérer que leurs outils ne sont pas en phase avec leurs besoins, plus de 55% d’entre eux déclarent ne pas pouvoir produire d’analyse précise et fiable.
En conclusion, il apparaît que les acheteurs prennent leurs marques et s’épanouissent dans la fonction achats même si cette dernière n’est pas encore stabilisée. Sa posture, son statut non régalien, son manque de moyens nécessitent encore de convaincre et de faire évoluer son champ d’intervention. Nous sommes pour notre part convaincus que les nouvelles attentes en termes de captation de l’innovation, d’approches achats plus responsables et plus anticipatives sur les risques vont progressivement faire évoluer le métier de l’acheteur en profondeur. Le fun va donc passer par une nouvelle étape de professionnalisation