Lorsqu’on parle de « mobilité », et plus spécifiquement de « nouvelles mobilités », on pense vélos, trottinettes, qu’ils soient simples ou électriques ; on parle alors de free-floating et de micro-mobilité. Sur le volet plus technologique, les véhicules connectés, et surtout autonomes viennent spontanément à l’esprit. Ces types de mobilités, douces, partagées, autonomes sont dans l’ère du temps et font parler d’eux dans l’actualité.
Mais l’innovation dans la mobilité ne peut être réduite à ces sujets, et l’édition 2019 de VivaTech l’a bien reflété ! Le secteur de la mobilité est en effervescence, des acteurs auparavant éloignés du sujet, se retrouvent concernés par de nouveaux enjeux sociétaux. S’il est difficile de prédire l’avenir, une chose se confirme, le secteur est en ébullition et il le sera encore dans les prochaines années !
S’ouvrir à l’écosystème pour réussir
Régions, équipementiers et constructeurs, GAFAs, énergéticiens, et bien évidemment les opérateurs de transport, nombreux étaient les labs qui hébergeaient des startups contributrices ou dédiées à la mobilité ! Et si ces acteurs pouvaient historiquement se positionner sur un silo du transport, aujourd’hui ils collaborent entre eux et avec les startups pour réinventer la mobilité. Les évolutions se résument souvent en quatre mots, selon Frédéric Mazzela – fondateur et président de Blablacar :
Connectée
Partagée
Autonome
Electrique
Pour construire ces 4 socles de la mobilité actuelle, se développer seul n’est plus envisageable. Les collaborations en amont et en aval de la chaîne de valeur sont fondamentales, que ce soit pour bénéficier de technologies, d’infrastructures, d’équipements, de modèles de développement ou encore d’une agilité de fonctionnement. Les nouvelles mobilités doivent proposer un service clé en main pour perdurer sur un secteur où la concurrence est croissante. Considérer la chaîne de valeur dans son ensemble est un vecteur de réussite, et seuls les partenariats permettent désormais de proposer un service complet.
Thierry Bollore
CEO Renault
On considère les GAFA comme étant des fournisseurs et des partenaires, ils ne représentent pas une menace.
Véligo, présent sur le stand La Poste bénéficie du groupement La Poste, Transdev, Velogik et Cyclez, désigné par Île-de-France Mobilités. Le groupement crée la société Fluow pour la mise en place et l’exploitation de ce service de vélo à assistance électrique en location longue durée.
SNCF de son côté lance un partenariat avec la start-up Karhoo (groupe Renault) et propose un service de voiture avec chauffeur, accessible, à termes, dans plusieurs grandes gares. Le service sera proposé sur la plateforme OUI.sncf et pourra être réservé en même temps que son billet de train.
Se dessine ici la mobilité servicielle que de plus en plus d’acteurs veulent atteindre, le « mobility as a service » (MaaS), soit permettre à un voyageur de se déplacer d’un point A à un point B, en lui proposant un itinéraire, l’ensemble des modes nécessaires à un trajet et un paiement centralisé sur une seule et même plateforme.
Adresser les enjeux sociétaux grâce aux innovations
A Vivatech, la mobilité répondait à plusieurs enjeux sociétaux majeurs au travers d’innovations technologiques et des start-ups rencontrées : l’environnement, l’accessibilité mais aussi la sécurité routière.
Selon une étude menée par ELABE pour Wavestone, sur la mobilité de demain, les répondants ont déclaré qu’elle devrait être en priorité :
- Accessible financièrement
- Accessible à tous
- Respectueuse de l'environnement
En France, le secteur des transports, est le premier en termes d’émissions de CO2, penser le transport de manière plus propre est donc un enjeu non négligeable. La 4e révolution de la mobilité est bel et bien enclenchée.
- ENGIE a mis en place de nouvelles bornes de recharge pour fournir un accès facilité à la recharge de véhicules électriques, avec une intelligence implémentée qui pilote et module la puissance délivrée.
- Lilium et son « air taxi » 100% électrique qui se veut « accessible pour tous » et 2 concept-cars présentés par Citroën dont AMI One, une voiture électrique qui sera proposée en autopartage.
Et pour garantir une accessibilité pour tous ?
- Streetco, un GPS piéton collaboratif qui permet aux utilisateurs d’alerter les obstacles dans une ville et faciliter ainsi le déplacement des PMR en ville, ou bien Handiplanet qui propose des expériences de voyage en fonction de la mobilité d’une personne.
Et lorsque la tech4good s’applique à la mobilité, de nouveaux usages font leur apparition sur les labs, et plus particulièrement en lien avec la sécurité routière.
- Innov+ sur le stand RATP, avec leur outil, TOUCANGO, basé sur une technologie de reconnaissance faciale pour analyser les somnolences au volant et alerter le conducteur.
- Cosmo connected, un petit boitier lumineux connecté qui se branche sur un casque ou un vélo. Il s’allume lorsque le conducteur décélère ou lorsqu’il tourne et la connectivité permet au téléphone d’appeler les urgences ou d’envoyer un message à quelqu’un en cas d’accident.
Mettre la technologie au service de la société, c’ést tout l’enjeu de la « Tech4good », un des thèmes phares de cette édition de VivaTech.
Un leitmotiv : répondre aux attentes des usagers ?
Deux leviers majeurs permettent aujourd’hui d’améliorer l’expérience voyageur et donnent une tendance pour la mobilité de demain. La data dans un premier temps, une mine d’or pour faire de la mobilité urbaine une expérience fluide, sans couture, et sans stress. Les start-ups sont nombreuses à proposer des technologies innovantes et performantes grâce à l’exploitation de la data.
Smart flows promet une augmentation de la satisfaction des voyageurs dans les hubs de transport en analysant les flux de données, et contribuant ainsi notamment à une meilleure information voyageurs. De son côté, Open Capacity construit des modèles prédictifs grâce à du machine learning basé sur l’utilisation des transport publics.
Machine learning, intelligence artificielle, big data,… des grands classiques de l’innovation digitale qui ont de réels apports pour capter, optimiser, utiliser les données disponibles et celles que les voyageurs fournissent, pour leur faire des recommandations et améliorer leurs trajets et déplacements du quotidien. Des usages qui posent de nombreuses questions éthiques dans la récupération et l’utilisation des données mais aussi les choix qui peuvent être pris par une autre forme d’intelligence, artificielle. C’est toute la problématique posée autour des véhicules autonomes amenés à prendre des décisions à la place de l’homme.
Garry Kasparov
Security Ambassador - Avast
L’intelligence artificielle (IA) ne peut pas être plus éthique que nous les humains. L’IA héritera de nos failles, de nos erreurs et nos incohérences. Se plaindre de l’IA parce qu’elle ne serait pas éthique, c’est un peu comme se plaindre d’un miroir.”
Mais améliorer l’expérience voyageur peut tout simplement passer par l’écoute des clients ! Comprendre ce qu’un utilisateur recherche lors d’un trajet, ce qu’il ressent, les différentes étapes physiques et émotionnelles par lesquelles il passe, c’est la clé pour lui proposer le service adéquat. Alexandre Viros, CEO de OUI.sncf déclare à ce sujet: “Aujourd’hui on connait nos produits bien mieux que l’on connait nos clients. On travaille ensemble, via le site internet mais aussi dans nos bureaux, pour repenser cette expérience-clients ».
Zoom sur les principales tendances de technologie pour la mobilité de demain :
- Les nouveaux services : la micro-mobilité (voiturette électrique de Nano bolt en autopartage et location), le prédictif pour une information voyageur renforcée, une billettique digitalisée et unifiée sur une plateforme multimodale
- L’électrique : une nouvelle génération de batteries pourrait apparaître sur le marché, les batteries SAFT lithium-ion «solide», dès 2024
- L’autonomie : les véhicules autonomes toujours au rendez-vous avec notamment un des concepts car de Citroen, prônant le confort à bord (sièges en position quasi allongée), ainsi qu’une autonomie de 800 km
- L’aérien (taxis volants) : une promesse pour la prochaine décennie, celle de désaturer l’espace urbain
Après le partagé, connecté, électrique, autonome… quelle est la prochaine innovation ? Une 5e révolution de la mobilité se profile, celle de l’aérien. Si la mobilité urbaine semble prendre des ailes, il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agit que d’un complément dans l’offre de transport proposée aux citoyens. La mobilité doit être pensée comme un tout, chaque nouvelle offre doit pouvoir s’intégrer de manière fluide dans l’existant, les transports en communs notamment.
Zoom sur quelques startups
Cosmo Connected : outil permettant d’améliorer la sécurité routière ! Il propose un feu de freinage connecté, aux cyclistes et motards, à brancher sur le casque ou directement sur le matériel. Il s’adapte aux mouvements du voyageur et s’allume dans les moments nécessaires : pour freiner et pour tourner. Il est paramétrable en feu de position ou feu de détresse, détecte les accidents et alerte les proches ou les secours en moins de 5 minutes.
Un comparateur de taxis, VTC et chauffeurs indépendants afin de faire remonter la meilleure proposition sur un parcours donné. Karhoo appartient désormais à Renault et a annoncé un partenariat avec SNCF pour être accessible dans une centaine de gares. La startup sera relayée sur le site OUI.sncf et les taxis pourront être réservé en même temps que l’achat d’un billet de train !
Un service de collecte, de traitement et d’exploitation de la donnée sous forme de data-visualisation pour les hubs de transport (gares, aéroports…). La solution est agnostique dans la technologie à s’adapte aux réseaux existants : Wi-Fi, Bluetooth, 3G/4G…
L’analyse des flux voyageurs permet 3 avantages :
- Faire de l’information voyageurs
- Réduire les couts d’exploitation
- Augmenter le chiffre d’affaires de ces hubs et proposer des recommandations comme de l’optimisation du personnel en fonction des trafics voyageurs par exemple.
Permettre un monde où tout le monde pourrait voler n’importe où et n’importe quand, telle est la promesse de cette startup ayant réussi le test de vol de son taxi volant électrique ! Un engin dont l’autonomie est de 300km, et pouvant voler à 300km/h, il pourrait d’ici 10 ans transporter des voyageurs d’une ville à une autre. Son modèle 100% électrique grâce à 36 moteurs répond ainsi à la problématique environnementale actuelle.