Les fondamentaux du Metaverse : Définir le Metaverse

Apparu en 1992, le phénomène connaît un boom sans précédent depuis quelques mois et embarque avec lui des notions désormais bien connues dans l’écosystème Tech : la cryptomonnaie, les NFT, le gaming, mais aussi la réalité virtuelle/augmentée et l’IA. Meta signifie « au-delà » et vers « univers ». De Facebook à Microsoft, en passant par Adidas ou Gucci, de nombreuses marques se laissent tenter par ce nouvel univers plein de promesses. Elargissement de base client, engagement de fans, nouvelles expériences immersives, nouvelle stratégie marketing, c’est tout un business model qui est en train de se dessiner devant nous. Mais que signifie Metaverse ? De quoi est-il composé ? 

Bâti sur plusieurs technologies comme l’IA, l’AR/VR, la blockchain (NFT & cryptomonnaies), nombreux sont ceux qui le voient comme la prochaine version d’internet. 

De la même façon qu’internet continue de s’auto-définir, l’avènement du Metaverse devrait être progressif et ses champs d’applications s’enrichiront grandement au fur et à mesure, allant jusqu’à couvrir l’ensemble des aspects de nos sociétés.  

Pour mieux comprendre les bouleversements qu’il devrait provoquer, il est toutefois possible de le comparer à ses prédécesseurs. En effet le Metaverse peut être vu comme un quasi-successeur à Internet, et plus précisément à l’internet mobile né de l’arrivée des smartphones.  

Notons bien que le Metaverse ne va pas remplacer Internet mais plutôt se construire dessus par itérations, intégrant petit à petit les applications que l’on connait sur le web. Et tout comme l’internet mobile a transformé l’importance et le rôle des calculateurs et d’Internet dans nos vies, en les intégrant dans des smartphones nous accompagnant en tout lieu et tout moment, le Metaverse est amené à faire de même en amoindrissant encore la démarcation entre le virtuel et le réel. 

D’une certaine façon il constitue l’étape suivante de notre intégration à l’univers numérique : 

En d’autres mots il permettra d’évoluer naturellement dans un univers numérique durable et se mêlant au monde physique plutôt que d’y avoir accès ponctuellement via les interfaces classiques que l’on connait (écrans, claviers, …). 

De façon plus concrète, le Metaverse peut être vu comme un réseau de mondes virtuels 3D rendus en temps réel, interopérables, massifs et persistants permettant des interactions synchrones entre un nombre “illimité” d’utilisateurs avec un sentiment profond d’immersion et une continuité des données personnelles (identité, historique, droits, actifs et passifs, communications et moyen de paiements) 

Plus succinctement, c’est l’infrastructure mondiale de communications et d’informations en 3D qui devrait naturellement succéder à Internet. 

Un événement vient vite en tête : l’annonce du rebranding de Facebook en Meta illustrant la réorientation stratégique de l’ensemble du groupe des réseaux sociaux vers le Metaverse. Mais au-delà de ce brillant coup marketing se dissimulent des années d’efforts d’un grand nombre d’acteurs technologiques, allant des géants tels que les GAMAM aux simples contributeurs individuels.

Le Metaverse n’est pas un concept neuf, il a régulièrement agité la communauté Tech depuis la fin des années 90, mais à chaque fois, a dû être remis au placard par réalisme, les utilisateurs et les technologies n’étant pas encore prêts. Et c’est précisément ce qui change aujourd’hui.

Ces dernières années les technologies « émergentes » telles que l’IA, les réalités étendues (Virtuelle, Augmentée ou encore Mixte), la 5G, le Cloud Computing, la Blockchain (et ses applications aux cryptomonnaies et NFT) et bien d’autres ont toutes progressé à un rythme inouï. Leurs cas d’usages sont nombreux et leurs applications de plus en plus adroitement maîtrisées, chacune de ces technologies s’est montrée apte à surmonter les obstacles se dressant sur sa route (performances, efficacité énergétique, nausée, confiance des utilisateurs, etc.).

Cette multitude de technologies qui arrivent à maturité presque simultanément n’est pas sans rappeler les débuts d’Internet ou de l’Internet mobile, tous deux produits de convergences technologiques similaires. Et comme à l’époque pour ces deux révolutions, c’est de la combinaison de ces différentes technologies que jailliront d’innombrables nouveaux cas d’usages tirant profit de celles-ci. On comprend donc mieux l’empressement soudain de la communauté Tech qui cherche la meilleure façon de se positionner à l’aube d’une potentielle avalanche d’opportunités.

Au-delà de cet engouement marqué par les géants de la tech, c’est une volonté plus globale des marques et des institutions d’aller conquérir de nouveaux terrains de jeu, et proposer de nouvelles expériences à ses clients. Le Metaverse est la promesse d’un nouveau monde, pas complètement déconnecté du réel, mais où tout est possible et repose sur un socle technologique solide.

Si le Metaverse est largement perçu comme un monde digital permis par la réalité augmentée ou virtuelle, il est bien plus complexe et globalisant. En effet, le Metaverse est aussi l’évolution d’internet qui incorporera le web3, terme galvaudé mais plein de sens  matérialisant la nouvelle expérience promise aux utilisateurs pour leur redonner le contrôle de leurs données, créer un esprit communautaire, posséder des biens numériques et devenir maître de son aventure digitale. L’objectif principal du web3, et donc l’un de ceux du Metaverse, est d’implémenter une complète décentralisation permettant aux individus d’évoluer librement dans les mondes numériques sans passage obligé par les géants que sont Google, Facebook ou Amazon.  

La décentralisation, pilier central de ce nouveau monde virtuel est rendue possible par la technologie blockchain, sous-jacent indispensable à la construction du Metaverse. En effet la blockchain (et les crypto-monnaies) permet au Metaverse d’assurer l’interopérabilité, la preuve numérique de propriété, la collecte des actifs (tels que les NFT), le transfert de valeur, la gouvernance, etc. Par ailleurs, le Metaverse étant une collection “illimitée” de mondes virtuels construits autour de principes qui leurs seront souvent spécifiques, il nécessite des blockchains personnalisées pouvant interagir entre elles et apporter une interopérabilité entre ces mondes et leurs visiteurs. 

Désormais des acteurs clés comme The Sandbox, Decentraland, Roblox ou encore Meta construisent l’ensemble de leur écosystème en se basant sur des infrastructures blockchain et en offrant des expériences immersives à base de NFT notamment. L’utilisateur se retrouve alors au cœur du processus et devient acteur là où il était spectateur précédemment. 

La puissance du Metaverse, au-delà d’être la prochaine révolution de l’internet, réside donc avant tout dans sa capacité à combiner plusieurs technologies ayant prouvé leur maturité pour offrir une expérience inédite aux individus, et repenser complètement le lien avec l’univers numérique. Si le gaming et le divertissement ont occupé une place de premier choix avec l’organisation de concerts dans Fortnite, des défilés de mode sur Roblox ou la création d’ambassadeurs virtuels, désormais les marques corporate imaginent elles aussi des interactions dans le Metaverse. Travail à distance, recrutement, entraînement sportif, santé, marketing, de nombreux cas d’usages émergent et continuent de faire grossir le marché qui dépasse déjà plusieurs milliards de capitalisation.  

Comme à l’époque de l’arrivée des smartphones, un raz-de-marée de nouvelles applications commence à se former. Nous en détaillerons les particularités la prochaine fois dans le deuxième article de notre série de cinq : “Les fondamentaux du Metaverse : Les cas d’usage du Metaverse”.