Introduction
Contexte
Face à l’urgence des enjeux climatiques, remis en avant notamment grâce à l’accord de Paris, de nouvelles réglementations émergent, rendant obligatoire pour les entreprises et les collectivités la génération d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES) ainsi qu’un plan de transition, présentant les objectifs, les moyens humains et financiers, ainsi que les actions envisagées pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
A ce sujet s’ajoute la volonté des consommateurs qui, tout en profitant des nouveaux modes de consommation devenus la norme, souhaitent réduire leur impact carbone et ont donc de nouvelles attentes à l’égard des entreprises sur ce sujet. La réalisation d’un BEGES et la mise en œuvre de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre sont donc devenues des facteurs différenciants pour les entreprises.
Que dit la loi ?
L’article 75 de la loi Grenelle II indique que toutes les personnes morales de droit privé de plus de 500 salariés en France métropolitaine sont assujetties à l’obligation de réalisation d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES), portant obligatoirement sur les émissions directes de gaz à effet de serre et les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité, de chaleur ou de vapeur.
Ce BEGES doit être renouvelé tous les 4 ans pour les entreprises et tous les 3 ans pour les collectivités, et être publié sur le site dédié de l’ADEME, l’agence française de la transition écologique.
Le décret du 1er juillet 2022 est une évolution de cette loi, et apporte notamment un élargissement du périmètre des émissions visées par un bilan GES (intégration des émissions indirectes significatives pour les grandes entreprises*) et la mise en cohérence des dispositions réglementaires en vigueur sur les bilans GES avec les modifications apportées par la loi énergie-climat du 8 novembre 2019 portant sur la réalisation des bilans GES.
La réalisation du bilan BEGES vise à fournir un cadre méthodologique standardisé pour le calcul et la déclaration des émissions de gaz à effet de serre générées par les activités des entreprises.
L’objectif est de fournir une vue d’ensemble de l’empreinte carbone de ces activités et d’identifier les domaines où des réductions peuvent être appliquées.
* Les entreprises cotées de plus de 500 salariés avec un bilan d’au moins 20 millions d’euros et un chiffre d’affaires d’au moins 40 millions d’euros & les entreprises non-cotées de plus de 500 salariés ayant un bilan ou chiffre d’affaires d’au moins 100 millions d’euros (Bilan GES Obligatoire en Entreprise: Que Dit la Loi?, article du 20/09/2023)
Quel(s) impact(s) pour les entreprises ?
Les grandes entreprises se voient donc contraintes par la loi de fournir un bilan GES complet (scope 1, 2 et 3).
Rappel des 3 scopes :
A l’issue de ce bilan carbone, le constat est souvent le même : le scope 3 (émissions indirectes significatives) représente la grande majorité des émissions de GES d’une entreprise. Selon l’ADEME, il représenterait généralement 75% des émissions de gaz à effet de serre des entreprises.
Sachant que le scope 3 est également la catégorie la plus difficile à maîtriser, il apparaît primordial d’identifier les activités les plus émettrices de GES, afin de mettre en place un plan d’actions concret pour en réduire les émissions de GES. Selon une étude de l’EPA (United States Environnemental Protection Agency), des secteurs comme la vente au détail et l’industrie alimentaire estiment que jusqu’à 90% de leur empreinte carbone totale proviennent de leur chaîne d’approvisionnement, principalement liée au transport de leurs marchandises.
De plus, selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), depuis 1998, les transports constituent le premier poste contributeur aux émissions nationales de GES. En effet, ils ont représenté environ 30 % des émissions GES en 2021.
L’un des moyens de réduire les émissions de GES du scope 3 consiste donc à aborder les aspects amonts et avals du transport.
À cette fin, plusieurs solutions sont disponibles sur le marché pour calculer de manière fiable et régulière les émissions de GES générées par le transport. En effet, un calcul régulier et précis permettra aux entreprises de mettre en œuvre des initiatives de réduction tout en évaluant leurs répercussions. L’identification d’indicateurs demeure également un élément essentiel pour suivre la mise en œuvre des actions et évaluer leur impact.
Le calcul des émissions de GES liées au transport : une étape indispensable pour les réduire
La réduction des émissions générées par le transport peut reposer sur plusieurs canaux comme l’évolution du parc de véhicules, l’optimisation du chargement ou encore la mutualisation du transport.
Toutefois, cette réduction ne peut être réalisée efficacement sans une évaluation précise et fiable des émissions de GES. Pour cela, il existe deux méthodes de collecte de données :
1. Les Systèmes de Gestion des Transports (TMS)
La première méthode consiste à ajouter, dans le cadre de l’implémentation d’un TMS, un module permettant de collecter les données nécessaires au calcul des émissions de GES et de générer un bilan carbone (via des calculateurs externes ou internes). Une fois les données collectées à l’aide du TMS, il est possible de faire appel à un prestataire externe spécialisé dans le calcul des émissions de GES ou bien de calculer en interne les émissions en suivant la méthodologie de l’ADEME par exemple.
Les TMS sont parfaitement capables de fournir les données d’activité telles que le type de transport (routier, maritime, aérien, ferroviaire), les distances, les charges transportées et même le type de carburant utilisé (bien que cela puisse être plus difficile à obtenir). En cas d’indisponibilité de certaines données, des hypothèses basées sur les recommandations de l’ADEME pourront être utilisées. Bien que le calcul soit moins précis, il offre néanmoins une estimation des émissions générées.
Cependant, les données fournies par les transporteurs peuvent ne pas être au bon format ou au bon niveau de granularité. Une deuxième approche permettrait de palier cela : le renouvellement des appels d’offres transporteurs.
2. Les renouvellements des appels d’offre transporteurs
Cette seconde approche est totalement indépendante à l’implémentation d’un TMS. Elle émane du renouvellement des appels d’offre auprès des transporteurs, et est plus efficace si couplée au contrôle facture (les chargeurs exigent de nouvelles données devant obligatoirement figurer dans la facture, celles-ci sont ensuite réutilisées dans l’établissement du Bilan carbone).
L’enjeu de cette méthode consiste à obtenir des attributs carbones fiables et opportuns en impliquant les transporteurs dans l’initiative de réduction des émissions de carbone. La stratégie adoptée est de conditionner le paiement des transporteurs au partage des attributs carbone requis pour le calcul des émissions de gaz à effet de serre inclus dans la facture. La fiabilité des données peut être assuré par le contrôle facture ou le contrôle métier.
Ces deux méthodes permettent donc de collecter les données nécessaires au calcul des émissions de GES de manière relativement fiable, et constituent la première étape vers la réduction des émissions de GES. Avant d’entreprendre toute action, il est essentiel de quantifier de manière exacte ces émissions et de développer un plan de transition incluant des indicateurs de suivi et de performance. Ces derniers seront utilisés pour évaluer l’efficacité des mesures mises en place.
Notre approche
Wavestone propose un accompagnement dans le calcul des émissions, mais également dans la mise en place d’un plan d’action afin d’aller vers une réduction des émissions GES de l’entreprise.
Dans ce cadre, il est primordial d’allier des actions simples et réalisables à court terme, ayant un effet immédiat mais limité sur la réduction des émissions, avec des actions plus stratégiques pour l’entreprise, comme le changement de solutions pour le transport, et notamment le transport du dernier kilomètre.
Une façon de réduire son bilan carbone lié au transport : capitaliser sur les évolutions de la logistique du dernier kilomètre
Avec la montée du e-commerce, la livraison B2C, communément appelée « Livraison du dernier kilomètre », représente un enjeu de taille dans la réduction des émissions de GES, car l’éparpillement des adresses de livraison augmente le nombre de déplacements et entraîne la multiplication du nombre de livreurs et de véhicules.
Conséquemment, avec la congestion des centres villes et les mesures prises par les mairies pour réduire les émissions de GES, la livraison au dernier kilomètre et les solutions qui s’y apparentent sont en pleine révolution. Les entreprises peuvent désormais évoluer sur ce sujet pour réduire une partie de leurs émissions de GES grâce à de nouvelles solutions, qui se répartissent sur les trois principaux axes d’amélioration de l’offre transport :
Exemple de solution : Plateforme avec un moteur d’IA qui permet de mutualiser les livraisons et de choisir le livreur ayant le moins d’impact.
Exemples de solution : Constructeur d’un utilitaire avec la capacité d’un van pour le coût d’un vélo cargo, constructeur de drones de livraisons, etc…
Exemple de solution : Vans électriques aménagés comme des entrepôts qui approvisionnent des livreurs à vélo dès que la commande est confirmée.
La livraison du dernier kilomètre fait partie des grands chantiers d’évolution dans le domaine du transport, et les entreprises doivent capitaliser sur ces changements afin de réduire leur impact carbone. Un dossier plus détaillé sur la livraison du dernier kilomètre en zone urbaine est également disponible au lien suivant : La livraison du dernier kilomètre en zone urbaine
Conclusion
Face à un contexte mondial en mutation constante, marqué par une sensibilisation croissante aux enjeux environnementaux et à la durabilité, ainsi que par des réglementations de plus en plus contraignantes, les entreprises cherchent activement à transformer leurs opérations pour réduire leur empreinte carbone, minimiser leur impact et se démarquer.
Au cœur de cette transition se trouve l’évaluation des émissions de GES, première étape avant d’entamer la réflexion autour d’un plan d’action et la mise en place de celui-ci. Cette transition est à opérer sur tous les périmètres de l’entreprise, et notamment la Supply Chain, pilier fonctionnel et poste important d’émissions de GES dans les entreprises de tous les secteurs.
A noter
Notre offre répond aux défis auxquels les entreprises sont confrontées en offrant tout d’abord un soutien dans le calcul de ces dernières. Nos consultants sont aujourd’hui certifiés par l’Institut Bilan Carbone, afin de mieux vous accompagner dans l’élaboration de stratégies sur mesures répondant à vos besoins sur ce sujet.
L’accompagnement de Wavestone se développe également dans la mise en place d’un plan d’action autour des problématiques de redéfinition des processus de stockage, l’adoption d’emballages plus durables, l’optimisation de la gestion des déchets, la prolongation de la durée de vie des produits, ou encore la mise en place d’un service informatique cohérent avec ces nouveaux enjeux.
Pour leur contribution à la construction de cet article, remerciements particuliers à Frédéric Coullon, Suzie Mazas, Lucie Varlez et Lucie Lépine.