Mercredi 4 juillet, une table ronde thématique sur « La banque de demain » au Press Club, en compagnie de nombreux experts du sujet a eu lieu. Quel nouveau rôle la banque va-t-elle devoir embrasser à l’avenir ? Comment se lancer dans une telle transformation ? C'est à ces questions que nous avons tenté de répondre, et je vous propose de découvrir quelques éléments de réponse ci-dessous.
A l’heure actuelle, les banques appréhendent le futur principalement via l’innovation technologique : intelligence artificielle, blockchain, nouveaux canaux, etc. Les offres et usages « classiques » se maintiennent, l’essentiel de la transformation se concentrant sur la relation clients et collaborateurs, sans pour autant réinventer le métier de banquier.
Face à de nouveaux enjeux sociétaux et environnementaux, cette constatation provoque plusieurs interrogations : quels seront les nouveaux business models des banques ? Comment concilier le long terme avec les exigences d’aujourd’hui ? Quel nouveau rôle la banque peut-elle jouer dans son écosystème ?
La transition énergétique, un incontournable pour la France et pour tous les secteurs d’activité
elon Matthieu Auzanneau, journaliste économique et Directeur de The Shift Project, la France a un rôle clé à jouer dans la transition énergétique. Le gouvernement actuel se dit prêt à assumer un leadership sur ce dossier, d’ailleurs amorcé avec les accords de Paris, dans l’objectif de se passer de l’énergie fossile d’ici une génération.
Cependant, le défi est de taille : à part en temps de récession violente ou de guerre, la consommation des énergie fossiles n’a jamais reculée. Il s’agit donc là d’un vrai défi que l’ensemble des parties prenantes doivent considérer collectivement pour le relever.
Chacun doit intégrer la transition énergétique dans sa stratégie et, loin d’être un frein, considérer celle-ci comme une véritable opportunité stratégique.
Un défi qui coïncide avec les attentes des français vis-à-vis de la banque
Selon Laurence Bedeau, Directrice Associée du cabinet d’études Elabe, le sondage mené en collaboration avec Wavestone, appuie cette nécessité de se tourner vers les questions d’utilité et de contribution à l’intérêt général : 87% des français interrogés sont convaincus que les banques doivent agir davantage pour améliorer les choses dans la société.
Transparence financière, questions de dépendance, de maladie, transition énergétique… les attentes des français sur tous ces sujets sont réelles, et la banque, institution centrale de la société, bénéficie d’une légitimité certaine pour y répondre. La clé de la relation bancaire sera probablement le binôme de valeurs efficacité et transparence.
Le rôle des banques vis-à-vis des territoires
Au bout de la mondialisation, c’est finalement le territoire qui se profile, d’où l’importance pour les banques de le prendre en compte dans leur stratégie. Selon Jean-Paul Mazoyer, Directeur Général Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, les banques ont un rôle à jouer vis-à-vis des territoires et de leurs habitants : de par leur position, les banques sont les plus à même de préparer l’avenir des acteurs économiques régionaux, notamment en les accompagnant dans les différentes transitions qui se confrontent à eux : transition énergétique, mais également numérique, alimentaire…
Cet accompagnement passe par la proposition de nouvelles offres et produits bancaires mais également par la proximité des conseillers au sein des agences locales, la représentation des territorialités dans les instances de gouvernance des banques, et par la transition de la banque elle-même.
Une sensibilité croissante des banques aux problématiques sociales et écologiques
Quels que soient les profils et organisations des banques, on constate aujourd’hui une convergence des plans stratégiques, très majoritairement à horizon 2020, promouvant des sujets de digitalisation, efficacité opérationnelle, sécurité, conformité… Les sujets d’Engagement y sont timidement évoqués. Pourtant, quelques signaux faibles sont palpables. On assiste à l’entrée de la RSE au sein des COMEX, à une prise de parole de plus en plus forte des dirigeants en faveur des sujets environnementaux et sociétaux, ou encore à l’accélération de l’ISR (Investissement Socialement Responsable).
Dans un objectif de passage à l’action plus large, l’enjeu pour les banques sera d’embarquer les équipes dans ces réflexions, tirant ainsi parti d’une opportunité unique d’aligner leurs attentes, à la fois de citoyens, de clients et de collaborateurs. Nous assistons ainsi à une convergence des intérêts des différentes parties prenantes de la banque, qu’elles soient internes ou externes.
Redéfinir la mission des entreprises
Olivier Aubert, Président de Temsens, propose une méthode d’exploration pour définir la nouvelle mission des banques. Celles-ci doivent s’interroger : comment penser l’avenir avec un œil neuf ? Quel sera le futur système de valeurs de la banque de demain ?
Pour y répondre, quatre angles d’analyse peuvent être abordés selon lui :
- L’environnement physique : comprendre celui-ci est essentiel pour pouvoir imaginer le monde de demain
- L’horizon des nouvelles technologies, et leur impact sur notre environnement
- L’évolution de notre vie économique, sociale et culturelle
- Une réflexion anthropologique : qu’est-ce qui est désirable pour l’individu, pour la société ?
Cette approche exploratoire permettra de décaler le regard des banques pour comprendre les défis et les opportunités qui pourront se présenter aux générations futures, et ce faisant de reformuler leur raison d’être, en se réalignant au plus près avec les enjeux sociétaux et environnementaux.