Club Les Echos Prospective - Rencontre avec Marie-Ange Debon, Keolis et Henri Poupart-Lafarge, Alstom

Le E-Club Les Echos Prospective, en partenariat avec Wavestone, Delville Management, IESEG et UFE et recevait Marie-Ange Debon, Présidente du Directoire de Keolis et Henri Poupart-Lafarge, Président Directeur Général d’Alstom, pour échanger autour du thème : « Le transport public au cœur de la relance durable ».

Cette rencontre était l’occasion d’évoquer la manière dont les transports publics doivent s’intégrer dans la mobilité de demain et les changements à opérer pour y parvenir. En France, le secteur des transports est à l’origine de 42% des émissions de gaz à effet de serre selon les données statistiques du Ministère de la Transition Ecologique. Ainsi, le secteur de la mobilité collective est un levier d’amélioration afin de répondre aux enjeux environnementaux.

Les transports collectifs présentent des vertus qui répondent à de multiples enjeux, tels que le respect de l’environnement, l’inclusivité, ou encore la décongestion du réseau routier en ville. Le transport public est un moyen clé pour permettre un développement durable.

Les français ont conscience que les transports collectifs sont au cœur des mobilités de demain. La mobilité durable est au centre de leurs préoccupations lorsqu’ils sont interrogés sur leur vision de la mobilité du futur dans l’enquête Wavestone-Kantar de novembre 2020.

Les clients passagers ont de nombreuses attentes autour des transports publics. 48% d’entre eux souhaitent une augmentation de la fréquence, 29% veulent une simplification du parcours client notamment avec la dématérialisation des titres de transport. Enfin, 37% des répondants souhaitent une diversification de l’offre en ayant accès à un réseau multimodal connecté qui répond aux besoins de chacun. Cette multimodalité permet de compléter les trajets en transport en commun par des mobilités douces et actives sur les premiers et derniers kilomètres par exemple. En ce sens, l’année 2020 a été marquée par le déploiement de centaines de kilomètres de pistes cyclables provisoires en France et les ventes de vélos à assistance électrique ont augmenté. La mobilité active s’inscrit donc pleinement dans les modes que les français souhaitent associés aux transports en commun.

L’enjeu est d’assurer la cohabitation entre ces modes de transport d’un point de vue sécuritaire, mais aussi de faire des transports collectifs une colonne vertébrale de la mobilité du quotidien à laquelle d’autres modes viennent se connecter.

Développer un mix énergétique dans les transports en commun est un enjeu fort de la transition énergétique et une réelle tendance observée en France et à l’international. Si les pays scandinaves sont précurseurs dans ce domaine, les villes et collectivités françaises opèrent également leur transition. Un des leviers de cette transition est le remplacement des flottes de bus diesel ; beaucoup optent soit pour des bus électriques, technologie la plus avancée et répandue actuellement, soit pour des énergies alternatives telles que le biogaz et l’hydrogène, comme à Versailles ou Pau.

Concernant le ferroviaire, Henri Poupart-Lafarge rappelle qu’aujourd’hui encore, « la moitié du réseau en France et en Europe n’est pas électrifié », ce qui représente un quart du trafic. Le potentiel pour l’hydrogène est bien présent en alternative en diesel et pour les lignes non électrifiées. Cependant cette énergie en est à un stade prospectif et expérimental. La maitrise de cette technologie croît, mais les travaux doivent se poursuivre pour en voir un déploiement généralisé et ce, sur toutes les facettes du sujet : infrastructure, stockage, réglementation, etc.

Aujourd’hui, la transition électrique est en plein essor mais l’objectif est d’adapter les solutions mises en place aux territoires concernés.

Le secteur des transports en commun travaille activement au déploiement de nouvelles technologies et du digital afin de répondre aux attentes des clients et des autorités publiques, pour rendre les transports plus attractifs et donc accélérer le report modal (transfert des usagers de véhicules individuels vers les transports collectifs). D’après les résultats de l’enquête Wavestone-Kantar, 48% des répondants attendent une augmentation de la fréquence des trams et métros afin d’accroitre la capacité d’accueil et de désengorger les transports. Pour ce faire, l’automatisation des tramways et métros est l’une des réponses qui permettra d’améliorer l’attractivité des transports en commun. Le PDG d’Alstom affirme que l’automatisation permet à la fois de gagner en fluidité « puisque l’on va passer de 90 secondes entre deux métros à 60 secondes », mais aussi d’économiser de l’énergie grâce à ce que l’on appelle « l’éco Driving » qui consomme 15% à 20% d’énergie en moins.

Par ailleurs les français souhaitent avoir un réseau multimodal connecté. Or la technologie est un levier pour enrichir l’offre avec le transport à la demande ou les navettes autonomes par exemple.

Cette multimodalité va de pair avec la simplification du parcours client. Accès à une information voyageurs en temps réel, dématérialisation de l’achat des titres de transport… sont d’autant de données ou de services qui permettent au client de construire et d’adapter son trajet en fonction de ses besoins. « Informer en temps réel, avec une plus grande qualité de l’information, une plus grande ponctualité » sera un élément clé pour accroître l’attrait des voyageurs, affirme la présidente du directoire de Keolis.

Ainsi, le digital est un levier de performance et d’amélioration sur toute la chaîne de valeur du transport.

Placer les transports collectifs au cœur de la relance durable et inclusive est une réponse clé afin de répondre aux enjeux sociétaux, notamment à l’urgence climatique.

Un des défis pour les prochaines années sera aussi de pallier un déficit d’attractivité encore persistant. Comme le souligne Marie-Ange Debon, le moyen de transport préféré des français reste le véhicule particulier, qui représente 80% des déplacements actuels contre 18% pour les transports collectifs. Augmenter l’attrait des français pour les mobilités collectives passe par une simplification du parcours voyageur, une augmentation de la fréquence, une diversification de l’offre, et enfin une amélioration du confort, de la propreté, de la ponctualité et de la sureté… en somme, de l’expérience de mobilité de bout en bout.