Si le concept d’écosystème d’affaires ne date plus d’hier, force est de constater qu’il est devenu ces dernières années un véritable sujet de réflexion stratégique pour les dirigeants. Alors qu’il pouvait apparaître autrefois assez théorique – une communauté d ’acteurs poursuivant une vision stratégique commune – il prend aujourd’hui toute sa dimension au gré de la complexification et de la digitalisation des chaînes de valeur.
Ainsi , pour répondre au mieux aux besoins de leurs clients et rester compétitives, les entreprises n’hésitent plus à desserrer leur ‘‘carcan industriel’’ et à déployer de nouvelles stratégies de coopération avec des partenaires divers et variés, y compris des concurrents.
En quoi les stratégies d’écosystèmes sont-elles devenues des leviers de développement efficaces pour les entreprises ? Quels en sont les facteurs clés de succès ? Deux questions auxquelles nous apportons des éléments de réponse dans cette publication.
Aux origines du concept d'écosystème d'affaires
La collaboration entre entreprises n’est pas un phénomène nouveau. Alfred Marshall, économiste britannique, mettait en évidence dès 1920 les dynamiques de concentration des entreprises et ses bienfaits.
Par la suite, Michael Porter (1998) a rendu populaire le concept de ‘‘cluster’’ qu’il décrit comme « la concentration géographique d’entreprises interdépendantes : fournisseurs de biens et de services dans des branches industrielles proches ; les firmes livrant le produit final coopèrent avec les universités, et leurs concurrentes ». Les clusters génèrent de nombreuses externalités positives, telles que des réductions de coûts ou encore le développement d’innovations, et leur réussite dépend en grande partie de la proximité géographique des acteurs. Le concept d’écosystèmes d’affaires, introduit dans les années 1990 par James Moore dans un article de la Harvard Business Review (Moore, 1993), a remis en question cette dimension géographique.
En effet, les réseaux d’affaires se constituent au-delà de limites territoriales puisque la coopération entre les entreprises peut se faire à l’échelle internationale.
Qu'est-ce qu'un écosystème d'affaires ?
Le concept d’écosystème d’affaires désigne une communauté d’acteurs (entreprises, organisations, institutions, fournisseurs, clients, actionnaires…), issus de domaines d’activités différents, qui poursuivent une vision stratégique commune.
La coopération entre les différents acteurs prend la forme de partenariats stratégiques plus souples que des joint-ventures, tels que des plateformes d’open innovation, des co-développements de PoC (Proof of Concept) ou encore le partage d’infrastructures et de ressources (humaines, matérielles) sur une période de temps donnée.
Quels sont les facteurs clés de succès d'un écosystème d'affaires ?
Choisir ‘‘l’orchestrateur’’, responsable de l’organisation et de la gestion de l’écosystème. Cette firme pivot sera en charge de définir la stratégie, d’identifier les partenaires potentiels, de déterminer les rôles et les responsabilités, ainsi que de coordonner les interactions entre les différents acteurs.
Aligner les acteurs sur une vision, des objectifs, une stratégie de monétisation ainsi qu’une feuille de route précisant les modalités de développement des produits et services. Cette stratégie commune doit représenter les intérêts de l’ensemble des participants et préciser les règles de partage de la valeur. Des indicateurs de performance communs, un système transparent de répartition des revenus ou de la marge ou encore la constitution d’un pool de ressources sont des outils couramment utilisés pour garantir une collaboration efficace des partenaires afin d’atteindre leurs objectifs.
L’écosystème doit pouvoir réagir rapidement aux changements du marché, former de nouveaux partenariats ou sortir des partenariats existants.
Favoriser la co-construction et le partage d’informations. La confiance peut être établie en instaurant des mécanismes de protection de la propriété intellectuelle. Cela consiste à instaurer des engagements contractuels sur le partage de données et les contributions de propriété intellectuelle.
Ces indicateurs doivent être examinés régulièrement lors de séances dédiées réunissant l’ensemble des acteurs, de manière à pouvoir rapidement décider d’actions correctives à mettre en place si besoin.
L'écosystème d'affaires développé par la Société Générale
Françoise Mercadal-Delasalles
Directrice des Ressources et de l’innovation du Groupe
Dans un monde qui évolue très vite au niveau technologique et relationnel, Société Générale s’appuie sur la force et la capacité d’innovation de la multitude (interne et externe) pour réinventer le métier de banquier. L’open innovation nous offre l’opportunité de nous ouvrir à d’autres univers, de nous décaler, d’apprendre de cet écosystème pour capitaliser sur son agilité et son expertise technologique.