Une 1ère édition qui met en valeur un écosystème en pleine expansion
Le marché de la e-santé connaît une forte croissance depuis quelques années, accrue par la volonté de l’état d’amorcer un véritable « virage numérique » et fortement renforcée ces derniers mois par la crise sanitaire sans précédent que nous rencontrons.
Pour sa première édition du radar des startups eSanté, Wavestone a souhaité retenir des jeunes pousses dont le siège est situé en France, avec moins de 35 employés, moins de 8 ans d’existence, et dont la solution ou les services sont directement en lien avec le numérique en santé. 82 start-ups ont ainsi pu être analysées.
Dans l’attente d’une publication plus détaillée qui arrivera d’ici l‘automne 2021, voici quelques tendances fortes du marché que nous pouvons déjà dessiner à la lecture du radar :
L’IA en santé devient prépondérant grâce à de nouveaux acteurs capables de lever progressivement les différentes barrières
L’Intelligence Artificielle (IA) dans le secteur de la santé, longtemps associée à des promesses plus ou moins tangibles, devient aujourd’hui une réalité. Les acteurs de la filière parviennent progressivement à surmonter les barrières liées aux difficultés d’accès aux données pour entrainer les algorithmes, aux performances inégales des outils ou encore à leur adoption par les médecins ou les patients.
Pour différentes raisons, qu’elles soient juridiques, de confidentialité ou liées au stockage décentralisé des données, l’accès aux données de santé en France est une réelle difficulté. Cet accès reste pourtant la condition sine qua non pour permettre l’apprentissage des algorithmes nécessaires au fonctionnement de l’IA. Ainsi de nouvelles solutions voient le jour. OWKIN, qui vient à clôturer une série A avec un investissement total de 70 M$ l’été dernier, a ainsi misé sur le federating learning et la blockchain. Avec ce modèle, les données ne voyagent plus, elles restent sur leurs serveurs, ce sont les algorithmes qui voyagent de serveur en serveur pour se construire et s’améliorer. L’objectif de l’entreprise est de créer un écosytème du federating learning pour faciliter l’exploitation et la valorisation de divers types de données de santé aujourd’hui détenues par les hôpitaux tout en respectant les impératifs de protection de ces données.
Le développement de l’IA dans la santé doit également faire face à des enjeux liés à la performance de la technologie. Pour répondre à ce défi de nouvelles formes d’IA voient le jour. En particulier, la start-up AQEMIA, spécialisée dans la découverte de petites molécules in silico a développé une nouvelle technologie d’IA générative couplée à des algorithmes de calcul d’affinité. Cette technologie sait prédire l’interaction entre une molécule et sa cible de manière plus précise et 10000 fois plus rapidement que les autres technologies comparables sur le marché. Avec cette technologie de rupture, AQEMIA permet ainsi de découvrir rapidement des molécules plus innovantes ayant de meilleures chances de succès.
Enfin, l’adoption des outils par les médecins passera par des technologies transparentes dans leur fonctionnement et leur recommandation, capable de s’inscrire dans les pratiques existantes. Les progrès constants de l’IA dans l’imagerie médicale, ont permis le développer de tel type d’outils capables de mettre en évidence avec une très grande fiabilité des anomalies sur des images et faire gagner un temps précieux dans l’étape de diagnostic par les radiologues. C’est le cas de THERAPIXEL qui a développé des algorithmes de détection du cancer du sein par l’IA. L’outil est capable d’indiquer la probabilité de présence d’un cancer, de préciser sur quel sein et dans quelle zone de l’image : il s’agit ainsi d’une véritable aide à la décision pour le radiologue et non plus d’une « boîte noire ».
Le futur de la santé se jouera à domicile
Que ce soit par la proposition de services numériques pour préparer le séjour d’un patient, pour accompagner son retour à domicile ou pour maintenir le lien avec le professionnel de santé, 1/3 des startups que nous avons recensées proposent une réponse à un enjeu majeur de la santé à venir : comment déporter le soin au domicile du patient tout en permettant la captation de la donnée de santé et son intégration dans le dossier patient de l’établissement ?
Cet enjeu impose des prérequis tels que la mise en place d’une offre de services offrant aux patients un accompagnement de proximité tout au long de leur parcours de soin, comme la prise de rendez-vous ou la possibilité d’effectuer une pré-admission dans un établissement en ligne. La plateforme Exolis s’est distinguée sur ce volet en participant à la mise en place de nombreux portails hospitaliers, et au-delà en proposant des services tout au long du parcours patients, avant, pendant et après le séjour.
Cependant, les patients qui reviennent à l’hôpital car ils n’ont pas réussi à organiser leurs soins à domicile représentent aujourd’hui 12% des personnes reçus aux urgences.
Au-delà du séjour, il est donc essentiel d’accompagner le retour à domicile par une offre de services permettant de rassurer le patient et lui donner les moyens d’une bonne prise en charge, en tout autonomie. C’est le rôle des plateformes de coordinations, telle que la plateforme Libheros, qui met en relation le patient avec les professionnels de santé de son territoire dont il besoin (infirmiers, kinésithérapeutes…).
On observe aussi un fort développement des objets connectés ou des applications mobiles permettant un accompagnement quotidien au domicile du patient tout en permettant de remonter de précieuses informations au professionnel de santé. Nous avons eu un coup de cœur pour l’objet connecté Meiko, qui se positionne comme un petit animal de compagnie digital et aide l’enfant malade dans sa prise de médicaments. Loin d’être anecdotiques, ces objets ludiques sont une véritable bouée dans le parcours complexe du patient, et, en jouant sur son bien-être, participent au processus thérapeutique.
Enfin, les outils permettant de suivre à distance des épisodes de soins, ou la remontée des effets secondaires du cancer, tel que le propose l’application Cureety, permettent d’anticiper des situations cliniques à risques, et d’y répondre avec plus d’efficacité et de précision.
Le rôle des startups dans le processus d’innovation est fondamental, et notamment dans l’innovation de rupture, que ne peuvent porter les organismes ou les centres de recherche, confinés a des innovations de perfectionnement. Le secteur de la santé, un des plus mouvants sur le domaine, laisse ainsi entrevoir un futur particulièrement riche en innovations majeures.