Décryptage des tendances majeures
Investisseurs britanniques : prudence ou manque d'audace ?
54%
des startups interrogées ont cherché un financement à l'étranger
Parmi les startups à avoir obtenu un financement auprès de sociétés de capital-risque et d’investisseurs providentiels, 54 % indiquent qu’elles avaient prospecté à l’étranger. Celles qui ont eu du mal à obtenir des fonds sur le marché britannique ont exprimé une préférence pour les investisseurs américains, perçus comme plus ouverts au risque et prêts à investir des sommes plus importantes dans des startups en phase de démarrage.
Le « conservatisme » des investissements au Royaume-Uni s’explique par des incitations fiscales pour les investisseurs, obligeant les startups à justifier d’un potentiel de croissance plus élevé, en particulier lors des premiers tours de table. Les startups interrogées ressentent une exacerbation de cette tendance depuis la pandémie de Covid-19 et la sortie de l’Union européenne.
Notre expérience appuie le ressenti des entrepreneurs selon lequel il est plus difficile d’obtenir des investissements lors des premières étapes de levées de fond, même lorsque la startup affiche une croissance fiable. Par exemple, les startups établies depuis 2020 étaient moins susceptibles d’avoir obtenu des investissements au cours des 12 derniers mois (38%) que les startups d’une taille et d’un taux de croissance similaires mais à un stade plus avancé (45%).
Alors que d’autres pays séduisent de plus en plus les startups britanniques spécialisées dans la cybersécurité, 60 % sont parvenues à obtenir un financement dans leur pays d’origine. Cela s’explique en partie par la multiplication des initiatives en faveur de l’entrepreneuriat et l’innovation : Cyber Runway, NCSC for Start-Ups, UKC3… Autant de preuves d’une volonté de favoriser et de soutenir les opportunités d’investissement pour les startups britanniques au Royaume-Uni.
Au Royaume-Uni, l’approche est très différente en matière de financement, très conservatrice… Il y a une réelle aversion pour le risque.
Rachat vs introduction en bourse : le choix des startups
Alors que la majorité des startups britanniques cherchent à être rachetées (59%), seulement 41% ont pour objectif la cotation en bourse.
Parmi les structures déclarant préférer une introduction en bourse, la majorité privilégie une cotation sur le marché américain plutôt qu’au Royaume-Uni. Cette préférence s’inscrit dans une tendance plus large : les entreprises établies passent du LSE au NASDAQ, certaines licornes (startups privées d’une valeur supérieure à 1 milliard de dollars) ayant du mal à atteindre les valorisations souhaitées sur le marché britannique.
Celles qui expriment une préférence pour le rachat sont ouvertes à l’introduction boursière, mais leurs ambitions sont confrontées à des difficultés sur les marchés internationaux.
Bien que l’expansion internationale reste un défi, la part de startups présentes à l’international est en augmentation : 63 % l’an dernier contre 75 % cette année. Les 3/4 des startups interrogées ont l’intention de se globaliser dans les 12 à 18 mois à venir. Ces résultats suggèrent que les initiatives de l’écosystème britannique en faveur de la « cyber-innovation » ont été couronnées de succès. A titre d’exemple, Cyber Runway a mis l’accent sur la création d’une plus grande connectivité avec les réseaux internationaux.
75%
des startups sont présentes à l'international
Les startups hésitent à se lancer en bourse, mais l’envisagent plus volontiers si elles parvenaient à percer sur les marchés européen et américain.
Diversité : des avancées réelles mais lentes
La moitié des startups indiquent avoir au moins un fondateur issu d’une minorité, cette diversité étant principalement ethnique. Les startups présentes depuis plusieurs années dans l’écosystème remarquent une augmentation de représentativité parmi les entrepreneurs qui intègrent les accélérateurs et incubateurs. Même si cette diversité est encore relative, on perçoit l’effet positif des initiatives soutenues par le gouvernement.
Cependant, les préjugés demeurent. Un fondateur a ainsi évoqué des biais lors de rencontres avec des investisseurs, l’amenant à embaucher quelqu’un pour représenter sa startup auprès des fonds de Venture Capital (VC). Il reste du chemin à parcourir pour assurer non seulement la diversité des profils, mais aussi leur inclusion.
30%
des startups ont mis en place une initiative D&I
Les startups s’impliquent en faveur de la diversité. 30% d’entre elles ont mis en place une initiative D&I au sein de leur organisation. Toutefois, la plupart estiment qu’elles sont trop petites pour formaliser ces démarches. Les entreprises en croissance ciblent leurs stages, proposent des programmes de sensibilisation ou orientent leurs actions de recrutement pour renforcer la diversité. La diversification de l’écosystème nécessitera un engagement permanent de l’ensemble du secteur, pour promouvoir l’inclusion et exploiter ce potentiel de croissance.
Ces dernières années, le profil des fondateurs s’est diversifié. Au sein des accélérateurs et des incubateurs, le profil des acteurs a changé.
Focus régional : le sud du Royaume-Uni, nouvel épicentre des cyber startups
La majorité (68%) des startups interrogées pour ce radar sont basées à Londres. Les tentatives de régionalisation de l’écosystème n’ont pas fait émerger de pôles d’innovation majeurs dans d’autres régions du Royaume-Uni. Néanmoins, Manchester, Cheltenham et le sud du Pays de Galles connaissent un certain succès.
Au sein de ces pôles régionaux, 82% des startups ont participé à un programme d’accélération et 25% ont rejoint un incubateur. La plupart a trouvé ces ressources utiles pour gagner en visibilité auprès de clients et d’investisseurs potentiels. Le programme NCSC for Start-Ups est particulièrement plébiscité, malgré son intensité, pour sa capacité à atteindre des objectifs donnés et à se constituer un réseau commercial. Cependant, de nombreuses startups soulignent la nécessité d’un soutien accru pour maintenir l’engagement avec les clients. Ces derniers ne poursuivent pas toujours la collaboration après la première prise de contact.
82%
des startups ont participé à un programme d'accélération
Les startups du Sud tirent parti des hubs d’innovation régionaux et de la présence d’investisseurs. En revanche, celles du Nord de l’Angleterre et d’Écosse déplorent cette concentration qui leur est défavorable.
Cyber-innovation : les tendances en 2023
De nouvelles startups mettent au point des solutions basées sur des cas d’usage Zero Trust. Elles développent également des produits liés à la résilience et à la reconstruction dans le cas d’attaques par ransomware.
Dans l’ensemble, les cyber startups développent principalement des produits liés à la gestion des risques et à la conformité (27%), aux utilisateurs et aux appareils (16%), et à la sécurité des données (16%). Cependant, les startups créées ou émergentes au cours des deux dernières années révèlent de nouvelles problématiques.
Les startups qui opèrent dans le Zero Trust développent des cas d’usage spécifiques : main-d’œuvre distribuée, contractants tiers, droits d’administration des développeurs… Par exemple, une startup a développé une alternative innovante aux VPN « ZTNA » et « VDI », à savoir un navigateur d’entreprise qui autorise l’accès aux environnements de travail (y compris les données et les applications) en fonction de l’identité de l’utilisateur, de l’authentification de l’appareil et des points d’accès au réseau.
Les startups améliorent les technologies existantes, par exemple les chambres fortes virtuelles isolées et sécurisées, en particulier à destination des services financiers. La demande pour ces produits est probablement motivée par la réglementation en matière de résilience opérationnelle au Royaume-Uni.
Au Royaume-Uni, les startups axées sur le développement de solutions de cryptologie avancée ou d’algorithmes post-quantiques sont apparues dès 2016-2020. Dans d’autres pays comme la Suisse, cette tendance est plus récente. Ces débuts précoces correspondent à l’annonce par le NCSC de la conception d’un algorithme cryptographique « à sécurité quantique » en 2021, et au conseil consultatif de PQShield – qui soutient le NIST dans la récente sélection de quatre algorithmes post-quantiques.
Méthodologie du radar
Période de référence
L’édition 2023 du Radar 2023 des startups cybersécurité au Royaume-Uni est basée sur des données observées du 1er juin 2022 au 31 mai 2023.
Démarche et critères de sélection
- Sont qualifiées de “startups” les entreprises ayant moins de 7 ans d’existence (création ultérieure à 2016) et mois de 35 employés.
- Le siège social doit être situé au Royaume-Uni.
- Le modèle commercial doit être construit autour d’un produit de sécurité spécifique.
Analyse des données
Cette étude est basée sur différents types d’informations.
- Consolidation de renseignements d’origine source ouverte (Open Source Intelligence).
- Entretiens qualitatifs avec les startups.