Si le secteur numérique était un pays, il serait le 5e plus gros émetteur de GES (gaz à effet de serre) au monde avec 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre [Union of Concerned Scientists], juste derrière la Chine, les Etats-Unis, l’Inde et la Russie [UCSUSA].

L’impact environnemental du numérique est également très significatif sur d’autres critères (eau, énergie primaire, ressources abiotiques…) et continue pour l’instant à augmenter au niveau mondial. En parallèle, nous constatons une prise de conscience autour des sujets RSE, dont l’impact écologique. Les entreprises souhaitent réduire leurs impacts environnementaux tout en continuant à se digitaliser. Comment faire pour que le numérique contribue aux stratégies de réduction d’empreinte GES des entreprises ? Une question que les startups du Digital Workplace prennent au sérieux.  

Le dérèglement climatique, un enjeu omniprésent de notre siècle 

Contrairement à ce que nous pouvons penser, le visage virtuel du numérique cache notamment des équipements et infrastructures physiques énergivores. Les équipements utilisateurs en sont un exemple flagrant. Ils représentent entre 2/3 et 3/4 des impacts environnementaux (dont émissions de gaz à effet de serre, consommation d’eau, d’énergie primaire et d’électricité) du numérique à l’échelle mondiale. Plus globalement, nous constatons que les émissions du numérique progressent d’environ 8% par an, c’est bien plus que n’importe quel autre secteur [Etude Green IT 2019]. Cela s’explique par l’accélération de la digitalisation à la fois dans la sphère privée et dans la sphère professionnelle. En effet les entreprises se tournent de plus en plus vers des solutions de Digital Workplace pour proposer un nouvel environnement de travail et contribuer à la transformation digitale de leur organisation [Shuh, Ruch, ObezBuilding a successful digital workplace]. Cette tendance a un impact important sur l’empreinte environnementale des entreprises suite à une augmentation des terminaux d’utilisateur ainsi qu’une hausse dans l’utilisation du cloud via des solutions de collaboration de type O365 ou GCloud. La Digital Workplace devra donc prendre sa part et faire des efforts notables pour réduire son empreinte écologique !  

Heureusement, il existe aujourd’hui des leviers pour rendre la Digital Workplace plus éco-responsables et de plus en plus d’entreprises se tournent vers ces solutions. Aussi chez Wavestone, nous avons pu remarquer un intérêt croissant parmi nos clients sur ces thématiques et avons pu en accompagner certains dans une démarche numérique responsable, par exemple en travaillant avec La Banque Postale au cadrage d’une feuille de route autour du numérique responsable ainsi qu’un appui à la mise en oeuvre

Plusieurs leviers pour réduire l’impact de la Digital Workplace 

Quand une entreprise souhaite limiter l’empreinte écologique de sa Digital Workplace, elle a plusieurs leviers à sa disposition. Premièrement, elle peut intégrer cette dimension dans les discussions avec ses fournisseurs d’hébergements, de matériels, de l’infrastructure de communication ou directement opter pour un produit ou une prestation de service plus éco-responsable. Un deuxième levier d’action est la sensibilisation de ses collaborateurs sur ce sujet en collaboration avec les ressources humaines et, si existant, le département de RSE. Elle peut également innover elle-même pour trouver des solutions plus frugales que les solutions classiques !  

Sustainable Techs – Kesako ?

L’intérêt croissant des entreprises pour le numérique responsable n’est pas passé inaperçu auprès des startups françaises et elles se sont mises au défi de rendre la Digital Workplace plus éco-responsable en développant des solutions numériques durables. C’est ce que nous appelons les « Sustainable Techs ». Les Sustainable Techs permettent de limiter l’utilisation de ressources (matériaux, énergie…) et donc les impacts sur l’environnement [RobecoSustainable Investing Glossary].

Les Sustainable Techs peuvent être regroupées en deux catégories : premièrement, les technologies permettant de réduire l’impact du numérique (parfois regroupées sous le terme Green IT), et deuxièmement les technologies permettant de réduire l’impact environnemental des autres secteurs par exemple dans le secteur de l’énergie. 

Le marché des Startups Sustainable Tech est encore assez jeune et l’offre B2B commence à se développer 

Les startupSustainable Tech sont encore assez jeunes, selon une étude du Hub et BPI France environ 60% des startups françaises actives dans ce secteur ont été créées il y a moins de 5 ans, un quart même depuis moins de 2 ans [Grégoire Souloy]. La majorité d’entre elles proposent des solutions B2C, notamment autour des sujets de l’économie circulaire et de seconde vie des produits 

  • Backmarket est une place de marché en ligne consacrée exclusivement aux appareils électroniques reconditionnés.
  • E-Recycle est une start-up spécialisée en achat des produits high-tech, reconditionnement et revente via une plateforme en ligne.

L’une des raisons qui explique cette concentration sur le marché B2C peut être la disponibilité des fonds. En effet, en cette période de crise, les start-ups peuvent rencontrer des difficultés pour obtenir des financements. Elles maximisent leurs chances de réussir lorsqu’elles possèdent peu d’actifs et que leurs produits ou services est simple à commercialiser et peu coûteux. Ce schéma correspond en général davantage au secteur B2C que B2B [Lennart Dobravsky].

Aujourd’hui, nous constatons l’arrivée d’une deuxième vague de startups qui se tournent désormais vers le marché B2B. Les startups qui avaient, dans un premier temps, misé sur une offre aux particuliers optent aujourd’hui pour le développement d’offres destinées aux entreprises [Lennart Dobravsky]. Malgré la croissance du marché B2B Sustainable Tech, il n’existe pas encore beaucoup de startups spécialisées dans des solutions Digital Workplace malgré son impact réel et croissant sur notre climat car gourmand en datacenters, équipements télécoms et terminaux utilisateurs [Etude Green IT 2019].

Des solutions autour de la sensibilisation, la mesure de l’empreinte carbone, l’équipement reconditionné et un environnement de travail éco-responsable 

Les start-ups spécialisées dans des solutions pour une Digital Workplace plus responsables se développent dans plusieurs domaines et proposent des solutions autour de différents leviers : la mesure pour accompagner l’écoconception de nouveaux services numériques, la réduction de l’impact liés aux terminaux ainsi que la sensibilisation des collaborateurs.  

Les start-ups dans une logique d’écoconception réalisent des  estimations de l’impact environnemental d’un service en  particulierL’objectif de ces solutions est moins dans l’analyse de la mesure quantitative environnementale exacte (mesurée en CO2e, kWh…) que dans l’analyse d’écarts entre différents sprints, scénarios ou paramétrages. Ces solutions s’inscrivent dans une démarche d’amélioration continue, pendant la phase projet, et également en run pour vérifier que l’empreinte environnementale d’un service numérique ne diverge pas avec le temps au fur et à mesure des mises à jour. A titre d’exemple, lsolution logicielle Fruggr permet de mesurer une empreinte globale (avec notamment un volet environnemental et social) d’un service  numérique. La solution Greenspector s’est elle spécialisée sur l’analyse de l’efficacité environnementale des sites web, applications mobiles et IoT dans le but de diminuer l’impact sur les terminaux y accédant. 

Un autre levier d’attaque pour réduire l’empreinte de la Digital Workplace est le choix du recyclage et du reconditionnement pour réduire l’impact des terminaux utilisateur. Plusieurs start-ups proposent aujourd’hui aux entreprises des solutions autour de ce sujet. La start- up Rzilient par exemple fournit aux entreprises des solutions IT clé en mains consistant à utiliser 100% des produits reconditionnés, soit à la location, soit à l’achat. De plus, Rzilient s’occupe aussi du recyclage. La start-up Zack s’est également spécialisée dans le réemploi des produits électroniques et électriques. Grâce à des collectes dans toute la France, Zack encourage les entreprises à donner une seconde vie à tous types d’appareils électriques ou électroniques. 

Un dernier axe vers une Digital Workplace responsable est la sensibilisation des collaborateurs. Le but est de sensibiliser les employés à des enjeux environnementaux liés à la Digital Workplace et de susciter des  comportements plus éco-responsables. Dans cette logique, la start-up Prowd a créé un chatbot à destination des collaborateurs dans le but de les sensibiliser et les mobiliser sur la politique RSE de l’entreprise. La solution propose un chat interne, des éléments de gamification, un coach digital et des défis éco-responsables en entreprise. La start-up Lakaa propose une solution intéressante notamment pour des groupes issus de plusieurs filières ou départements. Il s’agit d’une plateforme pour organiser des actions RSE à l’échelle locale, tout en permettant de réaliser une comparaison avec d’autres établissements du réseau, la diffusion de la stratégie RSE, ainsi que le suivi des bonnes pratiques terrain. De plus, Lakaa organise des évènements environnementaux avec leurs associations partenaires.

La Sustainable Tech : indispensable pour l’avenir de votre entreprise

L’un des enjeux principaux et indispensables de notre siècle est la réduction de l’impact environnemental du digital ; cela passe par la mise en place d’un numérique responsable. Sans changements de comportements significatifs, l’humanité fera face à un dérèglement climatique bien plus fort qu’aujourd’hui, qui mettra en danger l’existence de dizaines de millions d’humains. Ce changement nécessite des efforts de la part de tous, gouvernements, particuliers, entreprises et collaborateurs, dans un but commun : réduire l’impact sur le climat et plus globalement tenir compte des limites planétaires.

En plus de ces arguments évidents, d’autres raisons peuvent pousser une entreprise à favoriser une démarche plus éco-responsable, telles que son image et sa marque employeur. Un nombre croissant d’employés et de consommateurs sont en effet de plus en plus sensibles à ces sujets, et souhaitent minimiser leur dissonance cognitive. Ils privilégient donc la consommation des produits ainsi qu’un employeur éco-responsable [Hazel Davis]. Une entreprise qui ne fait pas les efforts nécessaires risquerait alors de perdre en attractivité vis-à-vis des candidats, des employées, et de ses clients…

Et si ces deux arguments peinent encore à convaincre une entreprise de se tourner vers une Digital Workplace plus durable, peut-être que la perspective de pressions gouvernementales, sous forme de nouvelles règlementations, le fera.

Grâce aux solutions proposées par les start-ups Sustainable Tech, les entreprises ont les clés en main pour répondre à toutes ces exigences et potentielles nouvelles règlementations. Nous n’avons évoqué ici que les enjeux environnementaux de la Digital Workplace ; mais de manière générale l’IT est un levier pour réduire l’impact environnemental de l’entreprise sous d’autres formes, par exemple en favorisant les visioconférences au lieu des déplacements professionnels ou en optimisant la consommation d’énergie dans un Smart Building. Les solutions Green IT offrent beaucoup de possibilités pour réduire l’impact global d’une entreprise et nous pouvons faire plus, notamment en accompagnant mieux les acteurs de terrain (« first line workers ») dans leurs décisions du quotidien, ce qui représente un vaste champ d’action dont les entreprises commencent à se saisir.

Vous aussi, vous souhaitez vous lancer dans cette aventure ?


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