Wavestone vous propose une série de 5 articles pour analyser la façon dont les régions réinventent leurs relations aux usagers grâce au numérique, au travers de trois politiques publiques majeures :
- Transport
- Environnement et aménagement du territoire
- Développement économique
Dans le premier épisode, nous avons constaté que la donnée était un véritable fer de lance des régions pour réinventer leur relation aux usagers. Dans ce deuxième épisode, nous nous concentrons sur la politique publique du transport et le concept de mobilité comme service.
Le transport, une compétence majeure des régions qui fait de plus en plus appel au numérique
Depuis la loi MAPTAM de 2014, la loi NOTRe de 2015, et dernièrement la loi d’orientation des mobilités (LOM), les régions sont les principales autorités organisatrices de la mobilité (AOM) du secteur local et cheffes de file du transport et de l’intermodalité. Le schéma de la gouvernance de la mobilité en France s’est resserré autour du couple EPCI (Établissement public de coopération intercommunale)/région, laissant chaque EPCI libre de se constituer AOM ou déléguer cette compétence à la région.
Le transfert de compétences, comme ce fut le cas en région Occitanie, a généralement la préférence des petites EPCI, bassins ruraux plus faiblement peuplés. Ces zones géographiques nécessitent la mise en place d’une offre spécifique, adaptée aux caractéristiques intrinsèques du territoire : il ne sera pas question de développer une offre régionale de bus ou de tramway mais plutôt de covoiturage, ou de “transport à la demande”.
Le champ d’action des régions est alors élargi, en partant initialement d’un service numérique primaire réunissant tous les transports régionaux sous forme de carte interactive. La région Bretagne à travers son réseau BreizhGo, et la région Sud, avec « Zou ! » complètent leurs services avec des applications, permettant de calculer leur itinéraire mais également d’acheter des titres de transports dématérialisés.
L'usager au cœur des propositions de services régionaux
Dans le cadre des nouvelles configurations d’organisation du travail, des offres de services vont répondre aux préoccupations des usagers en matière de mobilité douce et responsable. La région Sud a, à ce titre, développé un abonnement mensuel permettant d’effectuer entre le domicile et le lieu de travail un nombre de trajets modulables tandis que la région Bretagne a développé une plateforme de co-voiturage de proximité gratuite pour des trajets « quotidiens », événementiels et solidaires.
L’exigence du citoyen en matière de praticité est également adressée avec le développement d’outils numériques « tout en un », concentrateurs de services. A titre d’exemple, la région Bretagne a développé la carte KorriGo, nominative, valable sur l’ensemble des réseaux bretons pour les voyages en trains, en cars, en bus, en métro, en tramway et à vélo.
L'impact de l'ouverture à la concurrence
La capacité d’adaptation des régions est d’autant plus cruciale compte tenu de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire. Historiquement adressés à la SNCF, c’est désormais la région qui décide ou non de mettre en concurrence le réseau public national en lançant des appels d’offres. A partir de décembre 2023, cette ouverture des lignes deviendra obligatoire, faisant des régions l’épicentre du « rail » pour les usagers : gestion des réclamations, point d’entrée unique… Sa relation à l’usager, jusqu’à présent limitée à la création d’un dispositif de vente de carte de mobilité et aux canaux de communication associés, va profondément se transformer en devenant l’interlocuteur de référence et en établissant à terme, une relation de confiance.
Une nouvelle ambition commune : la mobilité comme service
Ces initiatives prises dans leur ensemble poursuivent une ambition commune : développer le concept de Mobility as a Service (MaaS), qui pousse la notion d’intermodalité au-delà de la simple mise en relation des transport publics et des véhicules, en permettant aux usagers de planifier, réserver et payer un trajet intermodal sur une même plateforme numérique.
La région, à travers le secteur du transport, peut désormais développer une véritable relation à ses usagers. Il ne s’agit plus seulement d’être visible par les usagers (TER, site web…), mais d’étendre le concept de MaaS du local, au régional, dans le secteur du ferroviaire et de la route, en proposant des offres adaptées aux besoins des usagers sur un plan pratique (bassin de vie) et éthique (mobilité douce), tout en s’adaptant aux changements structurels (télétravail). En ce sens, la région justifie de son statut d’institution territoriale en démontrant qu’elle est capable de s’adapter, et se réinventer en fonction des évolutions de la société et des attentes de ses usagers.
Découvrez notre série d'articles !
Si vous ne l’avez pas encore lu, nous vous invitons à découvrir notre épisode introductif afin de mieux comprendre notre série d’articles sur la donnée, fer de lance des régions pour réinventer leur relation aux usagers ! Vous pourrez ensuite vous concentrer sur les différents enjeux de 2 autres compétences régionales : l’environnement et l’aménagement, et le développement économique.