Wavestone vous a proposé une série d’articles pour analyser la façon dont les régions réinventent leurs relations aux usagers grâce au numérique, au travers de trois politiques publiques majeures :
- Transport
- Environnement et aménagement du territoire
- Développement économique
Pour conclure cette série d’épisodes, nous souhaitions vous partager nos convictions pour une offre numérique régionale forte.
De nouveaux outils et ressources s’offrent aux régions pour mieux comprendre le territoire et ainsi aider à le concevoir. Ces innovations ne sont porteuses de progrès que dans lorsqu’elles alimentent des services aux usagers.
Une volonté et un portage politique fort
Les régions engagées dans une dynamique de redéfinition et de renforcement de leur relation aux usagers témoignent d’un nécessaire portage politique fort.
En effet, la conduite de tels projets comporte un triple enjeu :
- Assurer un positionnement fort dans l’écosystème
- Renforcer les relations partenariales avec les acteurs publics et privés du territoire et animer l’écosystème afin de coordonner les choix politiques et stratégiques
- Augmenter la visibilité de la région auprès des usagers du territoire
1. Le projet doit être incarné
En Île-de-France comme en région Sud il est porté par les présidents de région qui ont tous deux déclarer vouloir « Devenir la première Smart Région d’Europe » Il doit pouvoir mobiliser de nombreuses parties prenantes : les agents en premier lieu, mais également l’ensemble de l’écosystème territorial et partenarial (collectivités territoriales, opérateurs économiques, associations, établissements publics).
2. La région se doit d’accompagner le mouvement en interne
Avec un objectif double :
- Développer la culture numérique des agents de la région
- Les sensibiliser à une approche centrée usagers
3. Les agents doivent concevoir des services au plus proche des besoins des usagers du territoire en mobilisant les données régionales
Pour ce faire, les régions multiplient les dispositifs d’accompagnement au changement, de communication, de pédagogie, de formation. Acquérir les bases des enjeux du numérique : à quoi sert la donnée ? Comment la traiter ? Comment créer de nouveaux services à destination des usagers ? Ces dispositifs d’accompagnement et de sensibilisation sont d’autant plus nécessaires que les régions ne disposent pas ou peu de lieux d’accueil. Ainsi, les agents, contrairement à ceux de la commune ou du département, ne fréquentent pas les usagers « au guichet ».
4. Les agents sont formés à de nouveaux concepts et méthodes
Approches centrées utilisateurs, expérience utilisateur (design thinking, lean startup, customer development…), méthodes agiles (backlog, product owner…), philosophie de l’open source… Pour conduire ces projets d’envergure, la région doit aller au-delà d’enjeux de sensibilisation et acquérir de nouvelles compétences. Ainsi, des cadres ou encore des product owner doivent être formés. Il est également envisageable de développer une véritable fonction data, en charge de porter ces sujets au sein de la collectivité et auprès des usagers.
Adopter une stratégie de gestion et de gouvernance de la donnée
La structuration d’une démarche stratégique de gestion de la donnée passe par le recueil, le traitement, la valorisation, la protection et le partage des données.
La région doit en effet se saisir de la donnée comme un objet de politique publique à part entière. La gestion de celle-ci permet une connaissance plus fine du territoire, une meilleure évaluation des dispositifs mis en œuvre et une souveraineté numérique affirmée. La région peut alors se positionner en tant que tiers de confiance, pour assurer la centralisation des données et la garantie du respect du cadre juridique dans leur traitement. Elle assure alors un travail de coordination et d’animation de l’écosystème territorial, entre acteurs publics et privés.
A ce titre, la région Grand Est, appuyée par l’Etat, a lancé la dynamique Data Grand Est. Data Grand Est veut développer la coopération régionale en matière de pilotage, de production, de partage et de valorisation des données dans son territoire. Concrètement, la région veut « proposer une gouvernance efficace au service des acteurs du territoire, développer une stratégie data régionale ambitieuse dotée des moyens et ressources adéquats et favoriser une démarche participative au travers d’un cadre de confiance ».
Engager une politique de la donnée à l’échelle de la région doit permettre des économies d’échelle, par des investissements d’ampleur pour la mise en œuvre d’hyperviseurs, de data centers régionaux ou encore de plateformes de données. La donnée trouve en effet son utilité dans son abondance et son homogénéité ; la multiplication des initiatives à différents niveaux territoriaux en la matière pourrait amoindrir les gains d’efficacité attendus. Dans une logique d’open data, l’objectif est alors double : obéir à la réglementation, tout en créant des services ayant une réelle valeur ajoutée pour les usagers de la région.
Garantir une donnée exploitable à l’échelle de la région est alors le gage de services aux usagers qui soient plus adaptés à leurs problématiques dans le champ des compétences régionales, mais également d’une diffusion d’une donnée qualifiée et souveraine à toutes les strates de collectivités pour alimenter leurs politiques respectives.
Des démarches de co-construction pour mobiliser les parties prenantes
Pour être au plus proche des attentes et besoins des usagers, mais également pour répondre à la demande grandissante d’une conception des services publics plus horizontale, les régions ont engagé des démarches de co-construction. Celles-ci tiennent à engager l’ensemble des acteurs du territoire dans la stratégie de transformation.
Cette volonté se matérialise de manière tangible dans la mise en place de dispositifs partenariaux (ateliers, hackathons, laboratoires d’innovation etc.), où citoyens, acteurs institutionnels et privés participent à construire le service public de demain et accueillir des projets d’ambition régionale. Par exemple, la région Île-de-France a créé un Club des partenaires . Son objectif : encourager la « co-construction des services pour tous les Franciliens ». Après inscription, le partenaire peut participer à des événements, créer un service numérique grâce à un accompagnement personnalisé et des séances d’incubation et enfin, valoriser ses données.
Les parties prenantes sont invitées à se saisir de la donnée afin d’imaginer de nouveaux usages et services au bénéfice d’un projet d’intérêt général pour répondre à un besoin ponctuel ou s’inscrire dans la durée : un travail de coordination et d’animation de l’écosystème territorial, entre acteurs publics et privés.
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Au cours de 4 épisodes, nous avons analysé la façon dont les régions réinventent leurs relations aux usagers grâce au numérique, au travers de trois politiques publiques majeures : le transport, l’environnement et l’aménagement, et le développement économique.
Retrouvez chaque épisode en cliquant ci-dessous, ou découvrez une synthèse de l’analyse à télécharger !
Remerciements pour leur expertise et leur relecture : Christophe Rochegude et Hannah Schiffman.